mercredi 17 juin 2015

A propos de l' « affaire » de l’affiche publicitaire relatif à un « concert de soutien » aux chrétiens d’Orient

SOURCE: seenthis.net (04.04.2015)

Quelques brèves remarques partagées ici et là concernant l’ « affaire » de l’affiche publicitaire relatif à un « concert de soutien » organisé en faveur des chrétiens d’Orient

1- Au fond la décision de la régie publicitaire de la RATP pouvait aller aussi bien dans un sens (préservation de la mention « Concert pour les chrétiens d’Orient ») que dans l’autre (suppression de cette mention).

2- Et les 2 solutions peuvent être comprises : dans la 1ère hypothèse, il aurait été question de permettre la libre diffusion d’une annonce autour d’un événement culturel à coloration cultuelle, dans la 2nde hypothèse, le caractère cultuel de l’événement encouragerait l’encadrement de la diffusion du message publicitaire à cette occasion. Cette solution semble être motivée par la volonté de tenter de "prévenir" toute potentialité ou réalité de friction dans l’espace public du réseau métropolitain dont la RATP a la responsabilité de la gestion.

3- L’invocation du principe de laïcité par la régie a été maladroite : la régie publicitaire et la RATP ont fini par le reconnaître.

Il serait plus juste de parler de neutralité : obligation véhiculée par l’article 9 des conditions générales de vente de la régie publicitaire.
"Tout message publicitaire présentant un caractère politique, confessionnel ou dont le texte oul’illustration serait contraire aux bonnes mœurs ou préjudiciable à l’ordre public est prohibé. "



4- La réaction critique du professeur Rolin à l’égard de la restriction imposée au message publicitaire (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1348579-les-chretiens-censures-par-la-ratp-au-nom-de-la-laicite-c-) est compréhensible dans la mesure où il y a potentiellement des dizaines voire des centaines d’affiches au contenu religieux ou politique sous-jacent... donc le tri risque d’être fastidieux à réaliser...

5- A cet égard, une telle restriction n’est pas nouvelle : le CCIF s’était vu également opposée une telle posture à une campagne publicitaire à l’origine de laquelle il était :


6- Il est savoureux de noter à l’occasion de cette affaire que parmi les personnes montant au créneau contre la décision de la RATP, on trouve un député PRG dont le parti est engagé pleinement dans le sens d’une extension législative sans cesse continue des exigences de laïcité/neutralité à différents espaces d’interactions sociales.


7- Finalement ce type de controverse sur l’application du principe de neutralité/laïcité peut nuire à la visibilité d’autres "affaires" autrement plus sensibles à l’instar des récentes propositions de loi mentionnées au point précédent et qui se traduisent par un consensus au rabais du point du vue du respect des libertés publiques.

8- ("bonus") Je pense qu’il serait intéressant de relire cette "affaire" à l’aune de la politique officielle du quai d’Orsay et de L. Fabius à l’endroit des chrétiens d’Orient effectivement persécutés, un positionnement politique qui peut être interrogé à la lumière justement du principe de laïcité de l’Etat.

http://t.co/li9HbnVqn3


appendices:


------ 8 septembre 2015 10h57 ------

Dans le contexte de la crise des réfugiés, certains élus émettent leur réticence, sinon leur refus a priori, d'accueillir des réfugiés autres que chrétiens ("chrétiens d'Orient" dans le cadre de la Syrie et de l'Irak).

Cette posture suscite de vives réprobations etc pour le principe discriminant sur lequel il repose (ici: un critère religieux). 

Ceci est compréhensible, toutefois il est bon de ne pas oublier que depuis l'intensification de la crise des réfugiés en Irak et en Syrie, nombreux ont été les acteurs politiques français à manquer d' "universalisme" dans leur approche d'une crise de cette ampleur touchant indistinctement des êtres humains d'une même région. Une telle posture est à même, selon nous, de contrevenir à l'esprit de la laïcité (dictant, rappelons-le, une conduite des affaires publiques de façon neutre et en traitant de façon égale tous/ cf. point "bonus" ci-dessus).   

Aussi il n'est, selon nous, pas étonnant qu'après de tels discours, certains maires ou autres acteurs publics viennent à promouvoir un traitement "prioritaire" ou "exclusiviste" des "chrétiens d'Orient". 







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